#CONSEILS
Gérer la peur du lancement pour devenir entrepreneur est l'une des clés de départ.
Gérer la peur du lancement
Si en imaginant devenir entrepreneur, la peur te conseille de rester dans ton cocon de confort, ou si, déjà entrepreneur, ton estomac se tord en mille de peur de tout perdre… Alors, ces quelques lignes sont pour toi.
Je crois qu’il y a deux peurs principales liées à l’entreprenariat. La peur de ne pas y arriver, et la peur de perdre ce qu’on a réussi à acquérir. Et puis, il y a ce fameux dicton qui dit que la peur est la plus mauvaise des conseillères. Personnellement, je ne pense pas que la peur soit néfaste. La peur est chimique. Elle se manifeste lors d’un danger. De base, elle sert à notre corps pour pouvoir fuir un prédateur.
Si vous n’avez pas encore franchi le pas de l’entreprenariat, la peur qui se manifeste est surement de perdre votre situation actuelle. Vrai ! Vous allez perdre le confort de votre situation actuelle. Quand vous lancez un business, vous ne devenez pas millionnaire du jour au lendemain. À la fin, je ne comptais même plus les mois où je ne me suis pas payé, et pourtant, cela a été assez rapide pour moi de tirer un revenu. Bref. La peur qui vous dit : « ta situation sera moins confortable » est une réalité. Tu seras moins confortable. En revanche, qu’est-ce que cet inconfort face à la victoire de vivre de ce que tu aimes en toute liberté ?
Je ne laisse pas la peur de perdre être supérieure à l’excitation de gagner.
La peur est présente. Cependant, si celle-ci est plus faible que la joie de faire ce que vous avez choisi de faire de votre quotidien, vous tenez le bon cap.
La peur de perdre sa situation actuelle.
Quand j’ai lancé mon entreprise Tutos’Me en 2015, j’avais une place agréable, au sein de Machefert Groupe, je gagnais ma vie correctement pour un salarié, mes patrons Martin et Kevin étaient jeunes, énergiques et talentueux, l’endroit était super. Je décidais cependant de quitter l’entreprise, en démissionnant, donc sans chômage. J’étais père d’un jeune garçon de trois ans, je vivais à Paris, bref, une vie pleine de dépenses… La peur de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de ma famille était un calvaire, mais je savais que si je ne me lançais pas maintenant, je le regretterai toujours.
Et puis au final, si je loupe, que va-t-il se passer ? Quand vous ne partez avec rien, et que vous ne finissez avec rien, alors quoi ? Vous n’avez rien perdu… L’excitation de gagner était plus forte que la peur, je visualisais l’objectif de monter quelque chose de grand à vocation internationale qui me permettrait de pouvoir faire exactement tout ce que je voulais jusqu’à la fin de mes jours.

La peur d'être jugé pour un loupé.
Ce qui a été difficile au début, c’était le jugement des autres. C’est vrai que j’avais peur de louper, parce que je voyais ce qu’il se passait autours de moi. J’avais nombre de personnes dans mon entourage qui voyait l’entreprise que je montais comme une énième lubie. « Anthony sort encore un nouveau truc de sa poche. Ça ne lui a pas suffi de foirer sa première boite au business model douteux, faut qu’il retente deux ans plus tard. »
Je crois que la peur d’être jugé a provoqué une décharge d’adrénaline suffisante qui m’a permis de réussir. C’est la clé. En transformant la peur en carburant, elle peut vous emmener loin. Et elle le fait de manière naturelle. Regardez la gazelle se faire courser par une lionne, elle donne tout ce qu’elle a pour s’en sortir.
Et une fois l’objectif atteint, j’ai peur que tout s’arrête.
La deuxième peur. Celle qui, une fois que vous avez atteint votre objectif, vous accompagne du soir au matin. Et si demain tout s’arrêtait ?

La peur que tout s'arrête
Je l’ai eu cette peur, omniprésente. Je me réveillais avec, je m’endormais avec. Mon sang s’épaississait, chargé de toxine, ma respiration était saccadée. Il y avait, outre mon confort et celui de ma famille, le confort de ceux qui travaillaient avec moi. 350 familles dépendaient, au moment T, des décisions que je prenais, des contrats que j’allais chercher. Le moindre petit faux pas me fichait une peur bleue. J’étais liquéfié. Je n’en pouvais plus d’être paralysé. Cela a duré des semaines jusqu’à ce qu’un matin, je me dise : « il faut que je parle avec quelqu’un qui a pu se trouver dans ma situation. »
Un jour de septembre, je décidais de monter dans un avion, direction Ajaccio, pour aller voir Dominique Demedardi, un entrepreneur corse, à la tête des GIFI, Promod et Auchan sur l’île de beauté. Ce type-là m’inspire depuis notre rencontre, mais ça sera l’objet d’une autre histoire. J’avais prévu de passer 3 jours là-bas. Sur le chemin jusqu’au village qui durait environ quarante-cinq minutes, je rentrais dans le vif du sujet directement. Je lui dis tout de suite :
« - Dume, comment on fait pour faire partir cette peur qui te colle à la peau sans arrêt ? Je vis dans la crainte chaque jour que tout s’arrête, j’ai peur pour moi, pour mes collaborateurs, j’ai peur, tout le temps, que tout s’arrête demain. »
Ce à quoi il m’a répondu ce qui pourrait être le conseil du jour :
« - Cette peur-là ne s’en va jamais, et elle est ta meilleure alliée. Si demain cette peur-là te quitte, tes décisions seront guidées uniquement par le pragmatisme, alors que diriger une entreprise et construire un business nécessitent des risques et de l’audace. Si tu n’as pas peur, c’est que tu restes dans ta zone de confort, si tu restes dans ta zone de confort, c’est que tu n’es pas sur le bon chemin. »
Alors, cette peur de tout perdre, est devenue mon amie. Parfois, elle me tord un peu le ventre, parfois elle me fait être plus prudent que nécessaire et louper certaines opportunités. Cependant, et à défaut de cet adage qui dit que la peur est la plus mauvaise conseillère, la peur peut galvaniser. Il faut cesser de la voir comme un élément négatif. Notre corps et la chimie de nos êtres est de l’ordre du divin et la peur en fait partie intégrante. Il faut simplement réussir à différencier les signaux du corps et ceux de l’égo.
Si demain je venais à perdre ce que j’ai construit, j’aurai eu le mérite de l’avoir fait, et si je l’ai fait une fois, je peux le refaire à l’infini en dupliquant encore et encore ce qui a déjà marché, tout en supprimant les éléments m’ayant fait chuter.
Le conseil que je te donne aujourd’hui est le suivant :
Si tu as peur de te lancer, regardons plutôt de l’autre côté du tableau. N’as-tu pas d’avantage peur de rester dans ta situation actuelle ad vitam aeternam ? Si tu as peur de perdre ce que tu as déjà acquis, regardons à nouveau de l’autre côté du tableau et visualisons la chance et la joie de l’avoir obtenu.
Pour aller plus loin, il ne suffit plus que de réitérer le même processus de départ : visualiser ce que nous souhaitons obtenir, le faire devenir plus intense et plus grand que la peur de ne pas réussir.
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A propos de l'auteur
Anthony Brice est un entrepreneur Français, fondateur de la communauté Tutos'Me. Il travaille chaque jour à faire réussir les entrepreneurs qui le sollicitent.